Moi qui croyais avoir eu froid à Page avec un vent glacial, comme je me trompais… Sur la route vers le Canyon de Chelly, des rafales violentes de vent nous accompagnent. Le ciel est chargé, la lumière souvent inexistante, et quelle que soit la direction dans laquelle on regarde, bien que nous soyons au sec, la pluie tombe au loin…
La route est belle, mais le temps ne se dégage pas et on se demande dans quelle mesure on va pouvoir profiter du Canyon de Chelly ! On croise des « nuages arc-en-ciel » comme les appelle Maxi Gnomette, des mini tornades, des nuages de sable orange.
Puis on atteint rapidement Chinle. L’environnement semble particulièrement hostile ici, tout est archi sec, et les quelques maisons qui bordent la route ressemblent davantage à des habitats laissés à l’abandon, posés dans de mini décharges à ciel ouvert qu’à de véritables lieux de vie. Chinle nous apparaît tel un immense bidonville très clairsemé…
Nous arrivons au « centre ville », qui n’est constitué que d’une station service un peu déglinguée, d’un Burger King, d’une immense laverie automatique et d’un magasin. Le vent souffle de manière incroyable, il est presque difficile de se déplacer… On atteint malgré tout le fast food où une aire de jeux permet aux filles de se dégourdir les jambes. Enfin, ça pourrait, si les quelques autres enfants le leur permettaient : moqueries, railleries, bousculades et coups les accueillent. Rien de très méchant cependant, mais assez pour affecter Maxi Gnomette. Première fois qu’elle fait les frais à titre personnel du racisme, c’est l’occasion pour nous de lui expliquer que si ce n’est pas « normal », c’est du moins compréhensible, de lui parler du passé des « natives », de leurs conditions de vie ici…
Après le repas, direction le laundromat (laverie automatique). La misère de la population saute plus encore aux yeux : de nombreux sans abris nous demandent quelque chose à manger dès que l’on fait trois pas, d’autres n’hésitent pas à approcher les filles pour leur vendre des DVD piratés ou des plateaux à l’effigie de je ne sais quel joueur de basket… Ils sont pour la plupart gentils et semblent tous bienveillants, bien imbibés, aussi, et ne cessent de répéter que les filles sont mignonnes. Maxi Gnomette regrette que nous ne puissions faire quelque chose pour chacun d’entre eux.
Quelques rares sourires se dessinent mais globalement, les regards des autres clients sont insistants, et, plus rarement hostiles. Que viennent faire ces blancs ici ? Notre lessive, tout simplement. On manque cruellement de vêtements, alors c’est parti pour une longue attente assez désagréable.
On découvre ensuite le Canyon de Chelly dans un vent tel que je n’en avais jamais senti encore ! Les vents de tempête bretonne, à côté, c’est de la gnognotte. La poussière qui se soulève, comme à Page, me fouette les mollets violemment, le sable vient s’incruster dans le tissu de mon jean. Les filles préfèrent rester dans la voiture, je les comprends !
Lutin et moi nous rendons donc sur les points de vue chacun notre tour, et nous bravons cette violence climatique pour découvrir un très beau canyon, qui a accueilli les maisons troglodytes de certaines tribus amérindiennes Anasazi jusqu’en 1300 environ. Allez, petit jeu, saurez-vous retrouver les ruines de ces maisons dès la première image ?
Le temps a fini par se dégager. Un peu. Juste assez pour découvrir les derniers lieux sous le soleil ! L’endroit ne fera pas nécessairement partie de nos découvertes préférées du voyage – le climat et l’environnement contribuant à ce ressenti, mais c’est une visite sympa, et qui change un peu !
De retour à l’hôtel, surprise : pas de courant ! Donc pas de chauffage non plus (et inutile de dire que l’on a très froid). La tempête a rompu une ligne électrique. Heureusement, elle est vite réparée !