En direction des fjords de l'ouest, de Stykkisholmur à Rauðisandur
Nous quittons la péninsule de Snæfellsnes pour rejoindre les fjords de l'ouest. Nous n'avons que 3 jours pour les parcourir car j'ai réservé une location pour la suite... Les distances sont longues, les routes sinueuses, des pistes (tout à fait praticables) remplacent souvent le goudron donc nous passons de nombreuses heures dans la voiture, au détriment des visites ou des activités. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Oui, très clairement ! Nous avons la chance inouïe d'avoir du soleil la plupart du temps, et les panoramas sont spectaculaires.
La mer est couverte d'îlots de toute taille, et l'horizon est agrémenté des fjords que l'on découvrira plus tard dans la journée. On attaque assez rapidement des pistes, ou plutôt des "gravel roads". Elles ne sont pas goudronnées, mais restent assez simple d'accès. On appréhende un peu, car une voyageuse rencontrée plus tôt nous avait dit que ce n'était pas vraiment accessible... mais si toute la journée se déroule comme ça, alors pas de souci, nous atteindrons nos objectifs ! Peu ou pas de nids de poule et grandes lignes droites, vitesse réduite mais vraiment aucune difficulté à surmonter.
(Il n'y a pas toujours la possibilité de faire des pauses photos car il n'est pas très pratique de laisser la voiture sur le bas côté, souvent absent, les photos sont donc la plupart du temps prises depuis la voiture.)
J'apprécie particulièrement la lumière et les couleurs qui nous entourent, très changeantes ! Pause pique-nique au bord d'une rivière au bleu intense, c'est plutôt sympa ! Je suis contente car Romane semble s'émerveiller des paysages qui nous entourent, Eléonore quant à elle prend toujours plaisir à explorer ce qui nous entoure, s'amuse avec 3 cailloux et 5 gouttes d'eau à fabriquer des structures plus ou moins inventives... Elle observe les petites bêtes comme les plus grandes et fidèle à son caractère, semble heureuse de vivre assez librement dans la nature.
Au détour d'un fjord, on tombe sur une grande épave. Le bateau a été trainé sur le rivage et laissé à l'abandon volontairement il y a très très peu d'années, puisqu'il s'agit de mon année de naissance... C'était le premier bateau métallique d'Islande.
Petite parenthèse : ici, on trouve tout un tas de véhicules laissés à l'abandon, un peu partout. Des machines de construction ou de travaux, des voitures, des bulldozers, des tracteurs, des bateaux... Parfois isolés, d'autres fois regroupés. C'est vraiment (très) fréquent et ce que l'on soit proche d'une ville, d'un village, ou au contraire dans un espace reculé. Ce qui nous surprend est que lesdits véhicules sont parfois en ruine, mais également en bon état, du moins depuis l'extérieur ! A vrai dire, on retrouve ce genre de chose aussi à plus petite échelle. Dernier exemple en date : une tondeuse totalement éclatée trône fièrement dans le jardin de notre voisin... Ce genre de "déco très locale" est récurrente.
Pour notre dernière ligne droite, on attaque une piste pas rectiligne du tout ! Nos derniers kilomètres de la journée devraient nous permettre de rejoindre Rauðisandur, qui, dit-on, abrite une plage de sable rouge. Hâte de découvrir ça ! En effet, la piste devient nettement plus rouge... et par la même occasion, un peu plus capricieuse. Les cailloux et la pente font que l'on sent la voiture chasser assez facilement, on roule doucement... très doucement, mais la descente est relativement facile. Soudain, au détour d'un lacet, la route nous dévoile un point de vue absolument magnifique sur la fameuse plage ! C'est somptueux, vraiment.
Le camping de Melanes est malheureusement noir de monde, mais l'endroit est tellement beau qu'on oublie bien vite cette densité de touristes ! On profite de cette très belle fin de journée pour aller fouler le sable. Alors il faut rectifier les choses : il n'est absolument pas rouge... Mais entre l'humidité et les couleurs de fin de journée, oui, il tend vers un ocre qui offre un contraste saisissant avec l'eau bleue ! L'illusion de sable rouge est bien là, il faut le reconnaître. Qui plus est, le sable jaune / or est plutôt rare en Islande, ce qui donne à cette plage sa particularité...
Traversée des fjords de l'ouest, de Rauðisandur à Bolungarvíkur
Avant de reprendre la route, on profite encore un peu de l'endroit pour faire une petite balade, à la recherche de vieilles habitations occupées par deux familles il y a fort longtemps et dont les histoires sont assez obscures : morts inexpliquées successives, accidents ou meurtres, nul ne saura jamais...
Au final, les "anciennes habitations" n'étaient en fait que quelques pierres au sol, mais la balade était sympa !
Les deux surprises majeures de la journée ont été des... cascades. Oui. Encore. Mais elles étaient totalement imprévues et les deux nous ont beaucoup plu !
La première était très confidentielle - il n'y avait strictement personne, ce qui n'arrive jamais ici - et n'était remarquable en rien : ni haute, ni large, pas de débit important, pas de formation géologique particulière, bref, rien de spécial, si ce n'est le vert émeraude dans lequel elle se jetait et l'entendue d'eau permettant de voir son reflet dans un eau calme. Moi, ça me suffit !
Comme vous n'y tenez plus, je vous dévoile dès maintenant la seconde cascade. Ou plutôt les cascades suivantes, parce qu'il s'agit plutôt d'un ensemble de cascades en escaliers. On la voit de très loin, elle impressionne par sa taille, un voile d'une blancheur éclatante vient fendre la roche... Et plus on se rapproche, plus elle nous semble belle ! Lovée au fond d'un fjord, entourée de fleurs pimpantes, ornée d'un bel arc-en-ciel, on la trouve fascinante. Enfin, "on", ce sont les parents, car Eléonore préfère la bouder et Romane, à peine sortie de la voiture, a subi une attaque de volatile comparable à la mienne il y a quelques jours... A ceci près qu'elle est plus vive que moi et a rapidement fait demi-tour pour se cacher dans Gudule, l'oiseau n'a pas eu à se répéter !
L'eau est omniprésente, sous toutes ses formes. Ah, non, c'est vrai qu'il ne pleut pas... Mais on retrouve de la neige, des étangs partout, la mer et ses fjords - bien sûr, des rivières, des cascades à foison, des cascades sous la neige ; où que se porte notre regard, il est forcément guidé par l'eau. Il est certainement d'une platitude sans nom de le dire, mais moi, j'adore l'eau ! Ses reflets, ses couleurs, sa vivacité, son instabilité, bref, j'aime l'admirer autant qu'y plonger (même si ici, je passe mon tour). J'aime presque tout autant les paysages un peu désertiques, rocheux, isolés, mais aussi les pistes (même si elles sont très faciles comme ici) qui donnent un léger parfum d'aventure au tout. Autant dire que cette traversée des fjords me ravit !