Aujourd'hui, j'attaque cette page du carnet de voyage en temps et en heure ! Une grande première depuis notre départ, il y a un mois : jusqu'à présent, j'écrivais avec plusieurs jours voire plusieurs semaines de retard, c'est moins plaisant, probablement moins vivant... Je reste très en retard dans la rédaction des pages précédentes, mais je prends avec plaisir le clavier pour poursuivre notre aventure dans le sud ouest de l'Islande en quasi direct.

Après quelques jours à vide au parc national de Thingvellir, nous avons pris la direction de la péninsule de Reykjanes. Objectif : remonter le moral, guérir et faire le plein d'énergie ! Notre choix de destination n'a donc été dicté que par une chose qui deviendra une priorité désormais : la présence d'une salle commune dans le camping, devenue indispensable à nos yeux pour manger confortablement au chaud et à l'abri des intempéries. Il nous avait été dit que les salles communes étaient courantes dans les campings islandais, il n'en est rien ! Nos choix d'étape seront donc bien plus précis désormais...

Nous voici donc à Grindavik, moral en berne et covidiennes en piètre forme. Mais dès notre arrivée, on sent que l'on va pouvoir rebondir rapidement : les lieux sont accueillants, confortables, propres, et il s'avère que plusieurs sites dans les environs méritent le détour alors-même que cette péninsule est délaissée par la plupart des touristes qui ne font qu'y prendre l'avion... Le soleil est de la partie, le vent s'est calmé, que demander de plus ?

L'incontournable du coin est le Blue Lagoon, mondialement connu. C'est hors de prix, très sincèrement, c'est une pure folie de vouloir mettre un tel montant dans de l'eau chaude... Mais le soleil est là, la fatigue et le besoin de détente et de chaleur me font flancher. Je regarde le site, et coup de chance, il reste de la place pour ce soir ! Seule Eléonore est intéressée, je casse donc le porte-monnaie et nous réserve un créneau pour la fin de la journée.

Je croyais l'endroit naturel, il n'en est rien ! Le "lagon" a été involontairement et artificiellement créé par l'usine géothermale qui le jouxte. Ce n'est que bien plus tard que l'eau chaude a commencé à attirer les baigneurs, puis il a fallu encore quelques années pour que le Blue Lagoon devienne l'infrastructure que l'on connaît aujourd'hui.

En revanche, l'eau (très) chaude d'un bleu laiteux est naturelle et il faut reconnaître que l'endroit est assez magique, hors du temps. Je n'ai pas pris de photos car je ne voulais pas m'encombrer de mon appareil, j'ai préféré déguster de ce moment avec ma choupi pour me délasser et juste profiter.

L'endroit est plutôt classe ; je ne fréquente pas ce genre de lieu mais j'imagine qu'il est assez semblable à tous les spas luxueux... Après nous être douchées et avoir revêtu nos maillots, hop, direction le lagon.

Première surprise : l'eau est infecte ! Bien sûr, nous ne l'avons pas goûtée mais comme dans toute piscine, des gouttes se déposent sur nos lèvres et sans pour autant la boire, son goût nous saute à la gorge : pouah, quelle horreur ! Cela nous amuse plus qu'autre chose, l'idée n'est pas d'étancher sa soif, ça tombe bien. Seconde surprise, l'eau brûle très fortement la peau (et je ne parle pas de la température !) aux endroits où elle est la plus fragile ou irritée ! ça, c'est moins drôle, et je me demande si je vais pouvoir rester très longtemps car je sens la réaction allergique arriver à grands pas. Fort heureusement, ça a fini par s'estomper et devenir supportable, puis totalement disparaître.

Après ces premières découvertes, nous profitons pleinement du lieu : l'eau est vraiment très opaque, on ne voit pas à 5 cm de profondeur. On flotte bien plus que dans une eau normale, l'effet est amusant... c'est là qu'on réalise que flotter nécessite un effort, tout compte fait ! Je ne sais pas si c'est lié à la flottaison plus importante, mais tous nos mouvements sont lents, très lents... les gens sont particulièrement calmes, on chuchote presque, ambiance feutrée et zen assurée !

Le cadre est très joli et inhabituel : nous sommes entourées de lave noire, l'eau est d'un bleu laiteux tirant sur le blanc (en réalité, c'est bien bleu mais une fois dedans, on ne voit que le blanc) et en dehors du bâtiment (qui contient la réception, le restaurant, le bar etc), rien ne rappelle le monde extérieur. Le soleil de fin de journée et sa lumière rasante couplée aux vapeurs qui se dégagent du bassin créent des silhouettes évanescentes un peu irréelles, avançant au ralenti. Ça m'a fait penser à une bande de zombies un peu paumés qui déambuleraient dans un univers étrange... 

L'eau est chaude, par endroits même très (trop) chaude, c'est très agréable, ça détend terriblement ! On ne ressent pas du tout le froid extérieur au niveau de la tête et du haut du corps. On prend un verre et on fait un masque de silice (c'est inclus dans l'entrée), on fait le tour complet des bassins, on se prélasse... Au bout d'un certain temps, la chaleur finit par nous assommer l'une comme l'autre, il est temps de repartir. Nous sommes restées plus d'une heure et demie dans l'eau ! Sans voir le temps passer.

Je ne suis pas forcément une grande habituée de ce genre de moments "bien-être et détente" dans des espaces prévus pour (clairement, ça ne m'arrive jamais), je ne peux donc pas comparer, mais je suis ressortie de cette soirée reboostée et zen comme jamais. Quel plaisir ! C'était très chouette de partager ce moment avec Eléo.

Conclusion : en temps normal, je trouverais totalement dingue de dépenser tant d'argent pour ce genre de choses, d'autant plus qu'il existe de nombreux lieux similaires, plus ou moins naturels, plus ou moins équipés, un peu partout en Islande. Mais j'avoue que je ne regrette pas d'y être allée, ce jour-là en particulier, à ce moment du voyage en particulier, et qu'il a été le point de départ d'un retour au plaisir de voyager !