Sud-ouest des Etats-Unis : le carnet
avril 2016

De Grants à Albuquerque

Aujourd’hui, nous devions parcourir un nouveau parc, mais nous avons préféré nous diriger vers Albuquerque directement, avec l’espoir d’y trouver des activités plus intéressantes pour les filles que des rochers, des rochers et encore des rochers.

Finalement, totalement par hasard, nous visitons un village Pueblo : Acoma (« pueblo » signifiant « village » en espagnol, mais désignant également ce peuple sédentaire d’amérindiens installés au Nouveau-Mexique). Il s’agit d’un village perché en haut d’une mesa, sans eau courante ni électricité, encore habité par quelques familles.

Une mesa est un petit plateau dont les versants sont assez abruptes, ce type de relief étant assez courant dans cette partie des Etats-Unis. Exemple :

Le village que nous visitons était d’ailleurs initialement installé sur cette mesa. Il y a survécu à une crue de plusieurs mois, totalement entouré d’eau ! Pourtant, quelques temps plus tard, un simple orage a poussé la population à quitter l’endroit : en effet, la foudre ayant brûlé l’unique escalier permettant d’accéder au village, ces Pueblos ont préféré vivre sur une mesa accessible directement à travers la roche – celle sur laquelle nous sommes actuellement et à partir de laquelle la photo ci-dessus a été prise.

Contrairement à ce que la configuration d’un tel village pourrait faire croire, l’installation du peuple Pueblo sur des mesas n’avait pas de raison stratégique en terme de défense (militaire). Avant l’arrivée des conquistadors, ce peuple était totalement pacifique. Leur but, perché dans le ciel (ce village est surnommé « sky city »), était de communiquer avec les villages voisins, la voix pouvant porter jusqu’à la mesa la plus proche sans rencontrer d’obstacle.

Néanmoins, lorsque les Espagnols ont attaqué à plusieurs reprises ces villages, leur position s’est avérée salutaire car malgré la différence flagrante d’armement, les Pueblos ont réussi à repousser les Conquistadors…

Voici l’église du village, que nous n’avons pas pu visiter car il y avait une cérémonie en cours (ce qui n’arrive que deux fois par an !). C’est autour de 1600 que les franciscains ont imposé la religion chrétienne aux Pueblos. Enfin, « imposé » n’est pas le mot exact : ils avaient officiellement le choix et rien ne les obligeait à accepter de se convertir. Mais s’ils ne le faisaient pas, ils était tout simplement exécutés par le missionnaire du coin…

Lorsque la violence avec laquelle ce missionnaire a converti les Pueblos a été connue des franciscains, ces derniers, horrifiés, ont fait en sorte d’avoir une approche plus éducative et ont instruit ces tribus indiennes à travers l’apprentissage de l’espagnol, aussi bien parlé qu’écrit.

Aujourd’hui, les croyances ancestrales et le christianisme coexistent. L’église d’Acoma est autonome et ne dépend ni de Rome, ni d’aucune autre instance chrétienne…

Le four est commun à plusieurs habitats, mais contrairement à ce que l’on peut voir dans certains villages méditerranéens, il n’est pas unique pour tout le village.

Les réserves d’eau sont fournies par les formes naturelles de la roche, les femmes qui en avaient la charge n’avaient donc pas à remonter l’eau « d’en-bas ». Maintenant, comme l’eau qui y stagne est contaminée par les animaux (essentiellement des chiens), des réserves d’eau de pluie sont protégées, aux abords du village et les « cuves » naturelles ne sont plus utilisées.

Impossible de vous expliquer le pourquoi de ces échelles très esthétiques et certainement très fonctionnelles aussi (j’imagine qu’il n’y a pas d’escalier dans les maisons), car je traduisais ce que venait d’expliquer le guide à Maxi Gnomette lorsqu’il en a parlé. Et vous savez quoi ? Si vous en doutiez, je vous confirme que le métier d’interprète, c’est pas pour demain ! Ecouter et traduire simultanément me semble tout simplement impossible.

Les Pueblos cultivaient les terres, au pied des mesas. Le rez-de-chaussée de leur maison était donc destiné à conserver l’eau, les graines, les céréales… Il y faisait très frais : par une température extérieure de 100°F (soit environ 40°C), ils arrivaient à maintenir une température de 60°F (soit 15°C) grâce aux murs très épais.

Voici une fenêtre très ancienne, en mica. Cette pierre se coupe naturellement en couches, il leur était donc facile d’en extraire des plaques afin de fabriquer des fenêtres. Une fois totalement asséché, le mica est très solide. Ces fenêtres ont d’ailleurs joué un rôle important : de loin, avec le reflet du soleil, elles ont été perçues comme étant des objets en or, et ont donc précipité, peut-être, les attaques des Espagnols !

La visite de ce village a vraiment été très agréable. Bien sûr, à chaque coin de rue, des artisans présentent leurs objets (que l’on a d’ailleurs trouvés très beaux), mais cette pratique n’est absolument pas agressive : l’échange avec les artisans est chaleureux, ouvert, j’ai pu discuter avec une dame pendant un petit moment sans jamais avoir l’impression qu’elle attendait de moi quoi que ce soit. Aujourd’hui, ce village vit selon un mode de vie assez proche de l’ancien temps, bien qu’une route le relie aisément au sol et que tous semblent avoir au moins une voiture. Il semblerait que ce mode de vie soit un choix et non une situation subie. J’ai déjà visité, ailleurs, d’autres villages restés « coincés » (guillemets ô combien importants) dans un autre temps, et il me semblait que c’était plutôt par manque de revenus, et que souvent, la pauvreté allait de paire avec ces villages reculés. Là, aucun ressenti de ce type.

Pour finir la visite, nous redescendons en empruntant le chemin qui permettait d’accéder au village avant que la route n’existe… Ça doit quand même être quelque chose de vivre dans un tel environnement !

Ensuite, direction Albuquerque. On pose les valises, et on file manger une glace dans la vieille ville… Étonnamment, tout est fermé dès 19h ! Il semble y avoir une ambiance paisible, ici, tout est zen… Si les filles n’en avaient pas assez, on pourrait assister à un tournage qui se prépare, toute l’équipe est en place, y compris les « faiseurs de pluie » qui sont reliés aux arrivées d’eau des pompiers et dont les jets sont déjà installés au-dessus de la scène. Dommage que les filles veuillent rentrer, on aurait bien pris le temps de regarder ce studio à ciel ouvert, nous…

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